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Après Outreau. Lettre aux élèves de l'Ecole Nationale de la magistrature.

Lettre ouverte aux élèves de l'Ecole Nationale de la magistrature.

 

Nous sommes des victimes du dysfonctionnement quotidien de l'administration judiciaire, et du conglomérat d'auxiliaires de justice qui en vivent. 


Notre lettre ouverte va vous parvenir sous une version optimiste, qui postulera que vous êtes des personnes raisonnables, honnêtes et corrigibles, à qui l'on peut parler de qualité du service public, et de contrôle qualité, comme on le pratique dans d'autres métiers. Pas seulement dans l'industrie et les secteurs concurrenciels, mais déjà aussi dans la fonction hospitalière, voire même des services sociaux.

Une version alternative aurait été d'ironie noire, dans le style de Jonathan Swift, et de sa "Modeste proposition". Celle là serait à la mesure des désespoirs où la désinvolture et les fautes professionnelles de vos aînés nous ont plongés.

 

Origines et tradition inquisitoriale

Comme futurs magistrats, vous héritez d'une tradition lourdement chargée. Pourquoi donc le fabuliste concluait-il sous Louis XIV "Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de Cour vous rendront blanc ou noir" ?

La principale raison est que les juges seigneuriaux étaient juges et parties, payés par le seigneur, dans les litiges entre les paysans et leur seigneur. En 1789, leur abolition figurait dans tous les cahiers de doléances ruraux.

La seconde raison est que les rois François 1er et Henri II avaient inventé la justice de classe. Hé oui, les guerres d'Italie, cela fait voir du pays, mais cela coûte cher. Pour les financer, François 1er eut l'idée de vendre les offices de magistrats aux plus riches dynasties de bourgeois des grandes villes, en leur faisant bien comprendre qu'ils pourraient largement rentabiliser cet investissement, en se payant sur les justiciables. Ce qu'ils firent. Qu'en disait le poète Clément Marot, à l'époque,1527 ? "Car ils ont tant de glus dedans leurs mains, ces faiseurs de pipée, que toute chose où touchent est grippée".

La Révolution a aboli les offices, et les épices aux magistrats. Maintenant, c'est l'état qui paie les magistrats, et en principe, ces magistrats ne deviennent jamais riches. En principe, seuls les auxiliaires de justice, les avocats et les "experts", vivent dans des maisons de grand luxe, se paient des chasses et/ou des modes de vie somptuaires. En principe, car il arrive que certains de vos aînés aient su se faire corrompre, et ont su rester très longtemps en poste là où coule l'argent sale à blanchir, à blanchir par exemple dans l'immobilier... comme le relate Nice-Matin du vendredi 12 avril 2002, à partir du rapport de la mission parlementaire d'information sur le blanchiment d'argent, animée par Vincent Peillon et Arnaud Montebourg. Rapports disponibles sur le site de l'Assemblée Nationale, en particulier le http://www.assemblee-nationale.fr/rap-info/i2311-612.asp.

 

La survie de l'Ancien Régime

Et pourtant, l'adage "Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de Cour vous rendront blanc ou noir" est resté globalement valide. En affaires familiales, soit la moitié du volume des affaires des tribunaux, il s'est doublé d'un nouvel adage "Selon que vous serez femelle ou mâle, mère ou père, les jugements de Cour vous rendront blanche ou noir". Les exceptions sont peu nombreuses (et elles ne sont pas toutes équitables non plus). Ce sont d'abord les auxiliaires de justice, qui se sont faits les premiers gardiens de la justice de classe, compliquée maintenant d'une justice de sexe : ils savent où sont leurs intérêts, voire leur fanatisme propre. 60% des citoyens sont de fait privés de tout accès à la justice : bien trop cher, et inaccessible.

Vos aînés ne résistent pas très activement contre les biais et les faux que leur présentent complaisamment certains auxiliaires de justice. Tout flatteur vit aux dépens de qui l'écoute, précisait le même fabuliste. Oh, de la flatterie, on vous en tartine comme sous l'Ancien Régime : "Plaise au Tribunal ! "... D'ailleurs, vous en avez conservé l'apparat et les termes royaux : "Chambre, Parquet, Lit de justice, La Cour !".

La France est restée un pays où les structures d'Ancien Régime se sont largement maintenues. La principale astuce est de distribuer des privilèges secondaires à des auxiliaires bien postés, afin qu'ils les défendent bec et ongles, et que tout reste immobile - au profit des plus gros privilèges et des plus grosses corruptions. Le journaliste François de Closets en avait fait un inventaire, et cet inventaire des micro-privilèges injustifiables reste valide. Ces flagorneries d'Ancien Régime sont un des privilèges par lesquels on vous "fixe". Au sens où depuis Al Capone, les gangsters "fixent" les policiers, les magistrats et les élus dont ils ont besoin, par la corruption et le chantage qui en découle. On vous fixe aussi par d'autres privilèges, tels que l'absence totale de contrôle, et les obstacles financiers colossaux en travers de tout recours, limités au seul appel à une juridiction supérieure exagérément lente, et aussi l'absence de contrôle statistique. Toute caissière de supermarché, tout ouvrier d'atelier industriel, sont considérablement plus surveillés qu'un magistrat. Or les responsabilités ne sont pas comparables. Le magistrat tranche des vies, sans recours.

Quelques chiffres aujourd'hui : mille jugements par juge et par an.


Le magistrat tranche des vies, sans recours. Et il le fait à la chaîne, à des cadences d'abattage : la norme officielle est de mille jugements par an et par magistrat, et on a relevé localement plus de 2300 jugements par an et par magistrate (Quimper). Vous étiez 7526 magistrats au 1er janvier 2005, et c'est largement insuffisant. Vous avez la garantie de l'emploi - ce qui est tout sauf négligeable, par les temps qui courent -, mais les cadences d'abattage. 

Quelques chiffres ? Selon le procureur François Molins, trente postes sont vacants au Parquet de Bobigny. Toujours au même Parquet, 25 000 procédures sont en attente d'enregistrement, 1000 ordonnances pénales sont en attente, et le délai de mise en exécution de certaines peines dépasse parfois dix mois. A Evry, le nombre d'affaires suivies par chaque parquetier et par an s'élève, en moyenne, à 1561. Il leur manque 18 greffiers, et ils ont renoncé à traiter les affaires qui ne sont pas très graves. A Créteil, ils disposent de 66 fonctionnaires de catégorie C, contre 258 théoriquement attribuables. Selon l'Observatoire National de la Délinquance, plus de 300 000 dossiers disparaissent mystérieusement avant enregistrement.

Gens précis, et attentifs aux faits, vous aviez certainement remarqué que le ratio avocats/magistrats continue d'augmenter : au 1er janvier 2005, ils étaient 44054/7526, soit 5,85 avocats (sans compter les avoués et les avocats au Conseil d'Etat et à la Cour de Cassation) pour cornaquer chaque magistrat, contre 36445/6539 = 5,57 en 2000. Cela fait un déficit de 378 magistrats en cinq ans, rien que pour maintenir le ratio précédent avocats/magistrats. Si dans une grande juridiction, vous aurez du mal à connaître individuellement chaque avocat de votre juridiction, eux vous connaîtront très bien, sauront chacun de vos travers, de vos faiblesses et de vos aveuglements, sauront comment les flatter et les manipuler. C'est leur métier.

 

Affaires anti-familiales

Le "divorce boom" surtout, a fait exploser le relatif équilibre où vivait l'institution judiciaire. Autrefois, quand elle condamnait des innocents pour l'exemple, pour terroriser et soumettre le petit peuple, c'étaient juste des paysans presque illettrés, ou des hommes qui avaient perdu tout domicile et tout statut social, ou des hérétiques à qui l'on coupait la langue, pour l'exemple. Et l'avantage restait au magistrat et aux avocats, qui maîtrisaient seuls le beau jargon. Désormais, les innocents condamnés, au terme de complots bien conduits par des pervers organisés, sont parfois bien plus instruits que vous. Là où vos greffes mettent six mois pour taper un jugement, les innocents que vous condamnez, sont soumis à la concurrence mondiale, et paient des indemnités s'ils livrent un travail avec un jour de retard. Ceux qui nous communiquent leur perplexité ou leur rage devant des ordonnances rédigées en dépit du bon sens, voire en dépit du français, sont soumis à des normes de qualité ISO 9000, eux, dans le secteur concurrenciel...

Ce n'est pas à vous, techniciens du Droit (techniciennes du Droit surtout, car depuis plusieurs dizaines d'années, vos promotions sont féminines à 80%), que l'on va rappeler les évolutions du Droit depuis la Libération, la chute du régime de Vichy. Il ne subsiste plus la moindre trace légale de l'inégalité par le genre dont vos grand-mères souffraient. Toutefois, l'idéologie victimaire selon laquelle les femmes seraient, dans nos pays, et de notre temps, des victimes-par-définition, et les mâles des bourreaux-et-profiteurs-par-définition, est en France plus forte que jamais, hégémonique. En conséquence du triomphe médiatique de cette idéologie sexiste, de ce militantisme victimaire, le sexisme anti-mâles des décisions de justice, du droit tel qu'on le pratique, est lui aussi plus fort que jamais :

86 % des mères obtiennent la garde des enfants au divorce, contre 13 % des pères.

Sur deux millions d'enfants qui ne vivent pas avec leurs deux parents, 42 % des enfants voient leur père moins d'une fois par mois. 25 % perdent tout contact avec leur papa.

De l'aveu même du procureur Gérald Lesigne, devant la commission parlementaire, à Boulogne, les magistrats du procès d'Outreau se sont laissés aveugler par un mythe : le mythe de la pédophilie et des réseaux pédophiles. Mais on a pris soin de ne pas instruire le procès des fabricantes de cette mythologie, qui a pourtant réussi à obtenir mort d'homme. Alors que la règle est universelle : toute idéologie raciste est confectionnée pour justifier des crimes et des exactions, pour conforter des privilèges aux dépens des autres, les stigmatisés. Comme tous les racismes, l'idéologie sexiste anti-mâles elle aussi, sert à justifier des exactions et des crimes. Elle ne se cache pas d'exciter à la confusion « mâle implique violent, incestueux et pédophile » afin de recueillir les privilèges qui en découlent pour Nous-les-femmes-donc-méritantes. A Outreau, elles n'ont obtenu que 6% de succès : un seul des calomniés a été suicidé, contre 17 acquittés. C'est là un score nettement inférieur à la moyenne, un échec relatif, un succès partiel, à 6% seulement.

Citons Gilbert F. (qui est lui-même, lui aussi victime des mêmes organisations de malfaitrices, dans la même juridiction, mais son histoire lui appartient) :

23 septembre 2003.

Richard a été victime de fausses accusations de sa femme laquelle, le jour même de son arrestation par une armada des forces du désordre, a déposé une requête en divorce et a vidé complètement la maison. Après 30 mois de détention, durant lesquels son avocate a prélevé 2000 F HT tous les mois sur son salaire et n'a pas engagé la moindre procédure d'appel ni de demande de remise en liberté, il s'est présenté seul devant la Chambre d'Appel pour obtenir sa libération (c'est moi qui lui ai rédigé son courrier). Réunionais d'origine et parlant mieux créole que le juridique, il a obtenu sa remise en liberté voici neuf mois.

Suite à rétractation d'une accusatrice, sa propre fille, et nombreux témoignages en sa faveur, son épouse a fini par passer 48h en garde à vue et, malgré l'absence totale d'activité de son avocate, son jugement aux assises s'annonçait pour le mieux. Richard est passé me rendre visite la semaine passée, le sourire aux lèvres...

Son frère m'a appelé hier: "En l'absence de toute défense, il s'est fait attaquer de toutes parts, l'ensemble des éléments à sa décharge a disparu, un avocat commis d'office est apparu, aucun élément du dossier n'est passé entre les mains de Richard, il a été condamné à DOUZE ANS de réclusion et 23000€."

 

... 9 juin 2004 :

Pour prolonger le scénario de l'horrible concernant Richard, je vous fais lire in extenso (je n'ai supprimé que les prénoms) le message que m'adresse son frère:

Citation :

Bonjour Gilbert

J'espère que tu vas bien ainsi que tes enfants. C'est avec tristesse que je viens te donner des nouvelles de Richard qui suite à son appel est passé en jugement le 7 et 8 juin. Il avait pris un bon avocat en espérant que sa peine soit revue à la baisse au moins, mais malheureusement c'est avec les larmes aux yeux que je t'annonce qu'il a été condamné à 14 ans c'est à dire 2 ans de plus qu'en 1 ère instance.


Richard a une amie qui travaille à Paris dans un hôpital comme infirmière. C'est vraiment une charmante personne. Depuis qu'il a été de nouveau incarcéré au mois d'octobre de l'année dernière, elle va le voir toutes les semaines et ça lui fait 320 km aller retour. Moi je n'ai pu pour des raisons de santé être présent pendant ces 2 jours. Depuis le 1 mars 2004 la Sécurité Sociale m'a mis en invalidité en 2 ème categorie, c'est a dire inapte a tous postes.


Hier soir j'ai eu T et F (=ses enfants) au téléphone et F est restée à Laon, car elle devait voir Richard ce matin, et hier soir avant de partir rejoindre sa cellule, Richard a dit à Francine que tout était fini pour lui, et de me prévenir qu'il avait mûrement réflechi et que suite a ce jugement il avait décidé le moment venu de mettre fin à ses jours car pour lui c'est très dur et en plus il sait pertinemment qu'avec cette peine alourdie il allait perdre Francine, car si mes calculs sont bons avec les remises de peine, Richard ne sortirait que vers août 2011. Imagine dans quel état, car lui aussi a beaucoup de problèmes de santé. Pendant son incarcération à Laon, il a été hospitalisé 2 fois, et a vu des spécialistes suite à ses problèmes. Voilà, je voulais te prévenir car je sais que Richard t'apprécie beaucoup, et je pense que c'est réciproque.

A bientôt, amitiés.

D

 Fin de citation de Gilbert F.


Voilà ce qu'il en coûte d'être le mâle, et de mieux parler le créole que le juridique.

Autre cas réel, un assassinat d'enfant, de sang froid, acquitté. Oui, vous l'aviez deviné, l'assassin est une femme, la mère du garçon : Pau, 24 septembre 2004. Coupures de presse en ligne à http://dyalie.free.fr/Pau3.gif 
http://dyalie.free.fr/Pau2.gif 
http://dyalie.free.fr/Pau1.gif

Dès qu'il est question d'enfants, de pères et de mères, le divorce entre le droit écrit par le législateur, et le droit pratiqué dans les tribunaux, devient monstrueux. Le militantisme victimaire rend fou, et aucune magie ne peut faire que d'être magistrat protège magiquement contre la contagion par ces délires.

En résumé : à la tradition ancestrale de solidarité entre notables, et de soutien aux violences sociales établies, s'est superposée une tradition nouvelle de solidarité entre matriarques, et de soutien aux violences matriarcales établies. Les copines protègent les coquines, et réciproquement. Et cela en dépit de la loi écrite.

Nous les plaignants, commençons à être bien avertis d'un problème : vous êtes mal accompagnés.
Pour parvenir à remplir vos missions comme celles d'un service public, indispensable, et non plus comme un faire-semblant, manipulé par des mafieux, il vous faudra perdre certains de vos pouvoirs qui pourtant flattaient tant votre narcissisme, et en conquérir d'autres à la force du poignet. Nous allons détailler.



15 725 experts judiciaires (chiffres 2003)

Vous vous reposez sur des "experts", pour vous éclairer. Ils sont plus que deux fois plus nombreux que vous-mêmes. Mais vous ne savez pas expertiser ni auditer les experts. Il vous faudra l'apprendre, c'est vital. Vous devrez vous constituer des dispositifs d'expertise des experts. Dans toutes les universités, dans toutes les écoles d'ingénieurs, on entend des histoires d'horreurs sur les "experts judiciaires", à qui l'on doit apprendre un pan de leur métier, pour qu'ils parviennent à comprendre ce dont il s'agit. Par exemple, cet "expert judiciaire" qui prétendait expertiser une solution à très basse teneur en chlorures, avec une électrode de référence au chlorure d'argent, il est resté fameux au CNAM.

Nous nous souvenons encore du prétendu "scandale de la Garantie Foncière", où l'administration judiciaire a été abusée et manipulée par le bout du nez. Elle a condamné des innocents sur la seule base d'une expertise du patrimoine, expertise démentie par le prix d'achat du dit patrimoine par un acheteur anglais, aussitôt les condamnations obtenues. Le fin mot de l'affaire était politique : il s'agissait d'envoyer en prison des amis de Jacques Chaban-Delmas (notamment l'avocat Terrenoire), afin de laisser la piste de la présidentielle libre à Valéry Giscard d'Estaing, aussitôt après le décès prévisible de Georges Pompidou.

Ce qui réunit les signataires de la présente lettre ouverte, c'est d'être victimes de manipulations similaires de l'appareil judiciaire, sauf que pour nous, il ne s'agit pas de la grande politique ni de la grande corruption, mais seulement de l'injustice ordinaire aux affaires matriarcales et (anti)familiales. Celle qui rapporte au ministère plus qu'elle ne coûte.

On fait maintenant le procès du procès d'Outreau, mais visiblement on oublie de faire le procès des "experts" fanatiques, qui se servent de la naïveté des magistrats pour les embrigader dans leur stratégie de génocide, leur guerre sexiste anti-mâles, sous couvert de protection de l'enfance. Or les militantes fanatiques du procès d'Outreau, vues à la cour de Douai, qu'elles aient le costume d'expert, ou la toge de l'avocate, sont depuis longtemps coutumières de la même criminalité organisée, en toute impunité garantie, sauf que les autres dégâts obtenus n'ont pas encore été médiatisés.

Certains avouent oralement leur tactique de flagornerie : "De toutes façons, je concluerai dans le sens demandé par le juge". Ah oui bien sûr, pas de traces écrites, ni d'aveu signé...

Le comble du comble de la partialité sexiste anti-pères, est quotidiennement atteint par les enquêtrices sociales. On ne nous a signalé qu'une ou deux exceptions à la fourberie sexiste systématique.

 

La difficulté mal évaluée et mal abordée

Il faut avoir l'humilité de reconnaître que s'occuper d'enfants, de familles, et de séparations, c'est difficile et dérangeant, à un point que l'on met longtemps à reconnaître et à comprendre. Stupéfiants sont les illogismes et les dénis de réalité que les uns ou les autres vous assènent à ce sujet, pour fuir leurs propres souffrances personnelles enkystées, leurs propres terreurs d'enfants effrayés, il y a longtemps.
Après avoir travaillé dix ans avec des enfants, à analyser leur développement cognitif, Jean Piaget a publié une autocritique très humble, reconnaissant qu'il est très difficile à un adulte de travailler avec des enfants sans les manipuler en toute inconscience. Et qu'il pouvait jeter à la poubelle bon nombre de ses résultats précédents.

Pour chacun d'entre nous, travailler avec les projections de notre enfance, en tranchant d'affaires familiales, requiert une discipline personnelle, une ascèse qui n'est pas vraiment répandue. De là découlent plusieurs des biais systématiques, voire des fanatismes, que nous avons mentionnés plus haut.

Le problème de l'immaturité scientifique de l'expertise psychiatrique mériterait un livre à lui seul. Au Collège de France, une équipe dirigée par Michel Foucault a décortiqué l'affaire Pierre Rivière (1835). Là on a vu les aliénistes débutants manoeuvrer pour prendre un pouvoir délégué auparavant aux curés des paroisses : aider l'administration judiciaire à disqualifier et classifier les individus marginalisés, les pauvres, les paysans, les ouvriers agricoles, les vagabonds. Si les scrupules et l'humanité ne les étouffaient pas, ils répondaient à la demande : enfermer et cacher ces marginaux et déviants, les taxer de monomanie, de dégénérescence, de tares congénitales, etc. etc... Depuis ce temps, répondre à la demande de disqualification d'autrui a été une bonne affaire pour certains psychiatres, justement 
ceux d'entre eux qui sont les moins médecins. D'ailleurs d'autres administrations que la vôtre sont demandeuses de tels calomniateurs à gages ; nous tenons des histoires d'horreur à votre disposition, sur ce marché de l'ignominie en costume-cravate, courtisans au dessus de tout soupçon.

L'Université n'est pas tout à fait innocente non plus, ni très au clair avec l'épistémologie en sciences humaines. Rappelez vous que l'Université française a délivré pendant soixante-dix ans un diplôme de troisième cycle de phrénologie. Et quel était son débouché ? Devenir expert judiciaire... Rien d'autre.
Et aujourd'hui encore, ceux des universitaires qui ont des accointances et des entrées au Palais, comme experts, prennent un soin jaloux de ne laisser approcher du Palais que des étudiants qui soient des complices sûrs, des carriéristes sans scrupules. Toutes les sanctions académiques sont à leur main - ils sont juges et parties - pour éliminer tout projet et tout étudiant qui s'intéresse aux dysfonctionnements de l'appareil judiciaire. Ils ont un fromage juteux, avec ces expertises judiciaires, et ils ont bien compris le niveau de complicité qu'on attend d'eux.

En une phrase : l'expert qui obtient à nouveau d'avantageuses missions d'expertise, est celui qui sait deviner et flagorner les préjugés du magistrat, qui sait ne délivrer que des conclusions qui flattent l'idée que le magistrat se faisait de sa propre intuition. Courtisan zélé, il flagorne vos préjugés, et en échange vous optimisez ses bénéfices.

Ce vice central n'est résoluble que par de sérieux moyens de contrôle qualité, que nous aborderons en dernier.

Et le renversement de pouvoir devient total quand l'expert est membre d'une connivence médiatique, pour diriger vos préjugés. Voir par exemple l'émission de propagande pro-matriarques et anti-pères, du 22 mars 2005 sur Arte, par Myriam Tonelotto et Marc Hansmann, sous la l'inspiration de Martin Dufresne et Hélène Palma.

 

Que faire ?

Alors comment faire, vous magistrats débutants, entourés d'avocats rusés, et d'experts madrés ? 
- D'une part, encadrez-vous par une discipline scientifique, dont le respect du contradictoire est une composante essentielle - oui, c'est vrai, cette ascèse coûte du temps, et du temps vous n'en avez pas -, 
- d'autre part élaborez collectivement, y compris avec des médiateurs et avec des associations de victimes, une déontologie et une éthique nettement plus sérieuses. 

Et faites comme n'importe quel psychologue psychothérapeute sérieux : 
- d'une part faites vous superviser par des seniors chaque fois que vous aurez du mal à vous situer personnellement dans une affaire, 
- d'autre part, montez des groupes d'analyse de la pratique, dits aussi groupes Balint, du nom de l'inventeur de la méthode. Prenons un group Balint de médecins : il ne s'occupera jamais de psychologie médicale, ne fera aucune psyK sauvage des patients absents, mais s'occupera du ressenti des praticiens présents, de leurs réactions face à une tentative de séduction, ou face aux manoeuvres d'un pervers...

Enfin, créez des cercles de qualité. Aux Editions d'Organisation, vous trouvez des manuels détaillant les outils des cercles et de l'amélioration de la qualité. Aux éditions Economica, vous trouvez des monographies consacrées aux problèmes de qualité et de management du hors-marché, du secteur public. On commence à trouver des consultants très au fait des problèmes particuliers au secteur public. L'audit du secteur public ne se résume jamais à la partie comptable : l'éthique y est centrale, et doit s'incarner dans l'action.

  

44 054 avocats au 1er janvier 2005 pour vous cornaquer

Il a fait presque les mêmes études que vous, il était sur les mêmes bancs de la même faculté de Droit, l'avocat qui vous caresse dans le sens du poil, et avec qui vous déjeûnez parfois à la cantine du Palais. D'ailleurs vous comptez sur lui pour museler son client, l'empêcher de vous dire combien les faits réels sont différents de la fiction juridique que lui et son collègue se sont mis d'accord pour vous raconter. Vous comptez aussi sur lui pour cacher à son client que vous n'avez pas ouvert le dossier avant d'entrer dans la salle d'audience, et que vous ne l'ouvrirez pas plus de dix minutes au mieux. Vous n'avez pas le temps. Saviez-vous qu'un jeu de jeunes avocats consiste à disposer certaines pièces à l'envers dans le dossier qu'ils remettent au greffe. Rassurez-vous : elles reviennent à l'envers. Le juge n'a pas eu le temps d'ouvrir le dossier avant de juger.

Et il bloque les métacommunications : il interdit que l'on communique sur la communication (il s'agit toujours du juge). Son narcissisme est trop fragile pour tolérer les métacommunications indispensables. Et il peut se retrancher derrière le principe de l'erreur établie : la chose jugée.

Quiconque a eu l'occasion de passer au moins un an dans une faculté de Droit est frappé par les profils psychologiques de ceux qui embrassent des carrières juridiques. Bien sûr, ils ne sont pas tous d'extrême-droite, ne préconisent pas tous l'extermination des nègres, des arabes, des juifs, et des gauchistes, pas tous... mais beaucoup, vraiment beaucoup sont là pour défendre les privilèges dont ils héritent. Leur devise, au moins pour les civilistes, semble bien "Pile, je gagne. Face, tu perds !".

Croyez-vous que la maxime qui doive diriger une famille soit "Pile, je gagne. Face, tu perds !" ? Pourtant, c'est celle-là qui prend le pouvoir dès qu'un de ses membres s'adresse à un avocat. Il/elle doit passer par le monopole d'avocats, pour s'adresser à votre monopole sur les affaires de famille. Voilà deux monopoles qu'il est indispensable de casser, au profit de médiateurs familiaux.

Quel est le chiffre d'affaires que rapportent les divorces et séparations, et les conflits post-divorce, au Monopole d'avocats ? Au minimum un milliard d'euros par an.

 

Contrôle technique et compétences indispensables

Normalement, un psychologue, un médiateur familial, se considèrent comme appartenant aux professions de santé, et eux, au contraire des juristes, visent des solutions gagnant-gagnant. Ethiquement, c'est là l'opposé de la maxime de vie des juristes.

Les divorces conflictuels sont des urgences psychiatriques bien trop graves pour qu'on les abandonne à des juristes.
Les divorces conflictuels sont des occasions de dépistage psychiatrique, qu'il est irresponsable et criminel de négliger comme on les néglige actuellement.

Votre voiture passe tous les deux ans au contrôle technique, afin de protéger vos vies. Aucune famille qui élève des enfants ne passe de contrôle psychiatrique régulier. Aucun avocat qui vous présente des affaires familiales non plus. Aucun des magistrats qui abattent mille familles par an non plus.

D'ailleurs, nous avons un problème franco-français à ce sujet : A force de coucher dans le lit de la justice, notre institution psychiatrique a - majoritairement - bien du mal à avoir de l'entendement, du mal à avoir une éthique efficace, aussi. Ils ont du discours qui fait illusion, qui fait "expert", mais point d'entendement, ou si peu, trop peu. Leur formation est carencée en psychologie développementale. La maille d'analyse qu'on leur enseigne couramment est incorrecte, reposant sur le dogme du tout-intrapsychique, de l'individu isolé, ne venant d'aucune famille, n'appartenant à aucun groupe de croyances et d'illusions, ne négociant aucun symptôme avec l'environnement. Le cadre ethnopsychiatrique nettement plus approprié n'est pas enseigné en facultés de médecine. Or les "experts" de l'affaire d'Outreau, à la cour de  Douai comme les autres, relèvent bien de l'ethnopsychiatrie, soit deux ordres de grandeur plus grand pour la maille d'analyse.

Il faut aller chercher ailleurs les compétences, chez les praticiens de la thérapie avec les familles. Certes, l'église freudienne les méprise, ces hérétiques qui ont appris ailleurs, souvent aux Amériques, au lieu de se confire dans les relectures de son prophète... Il manque à ce pays plusieurs centaines, environ un millier de médiateurs familiaux, bien formés aux pièges du travail avec les familles. Il manque à ce pays plusieurs dizaines d'universitaires capables de les former et les entraîner. Là, nous avons un retard sanglant dans les compétences. La compétence en thérapie sous mandat judiciaire est elle aussi largement déficitaire dans ce pays. Or elle serait souvent la seule solution raisonnable, la seule qui pourrait faire passer à l'état d'adultes affectifs, des parents encore déficients, formatés par leurs carences.

Cela pose ensuite le problème de la compétence du magistrat, comme vérificateur périodique d'une thérapie sous mandat, et pour le travail en équipe que cela implique.  Nous disposons d'un outil d'analyse puissant : l'analyse en réflexivité. Chacun de vous pourrait expertiser un rapport d'expert psychopathologiste, s'il sait évaluer le développement réflexif de cet expert. A condition que vous soyez vous même au clair, à cet égard...



Appliquer la loi, française et européenne

Alors que faire demain matin, quand nous n'avons ni des magistrats en nombre suffisant, ni suffisamment formés, ni assez de médiateurs familiaux, ni des experts psychopathologistes très compétents ni bien courageux ?

D'abord retenir que la loi française n'est pas si mal faite, et qu'il faudrait déjà commencer par l'appliquer. En théorie, les attestations mensongères, qui jouent un rôle capital pour vous abuser et vous manipuler dans les affaires de divorces conflictuels, compliqués d'accusations mensongères monstrueuses, tombent sous le coup de l'article 441-7 NCP. En réalité, et c'est un secret de Polichinelle dans tous les Barreaux de France, les Ministères Publics refusent systématiquement d'appliquer la loi, et garantissent l'impunité aux auteures et aux bénéficiaires d'attestations faisant état de faits matériellement inexacts. Auteures au féminin, car l'attestation mensongère est un sport d'équipe massivement féminin. Aux accusations mensongères aussi, l'impunité est garantie, en violation de l'article 226-10 NCP. Solidarité matriarcale oblige, semble-t-il.

En théorie, l'article 205 NCPC interdit l'usage des descendants comme appuis aux griefs invoqués par des époux à l'appui d'une demande en divorce ou en séparation de corps. Nous aimerions bien habiter en Théorie, car en Théorie, dit-on, tout va bien ! En réalité, aucune sanction n'est jamais prise contre les avocats qui organisent de telles manipulations. Le législateur savait depuis longtemps que les enfants étaient manipulables comme engins de guerre contre un voire deux, de leurs parents. Mais nos magistrats actuels sont presque tous ignorants et aveugles à ce syndrôme d'aliénation parentale. Et fidèles à leur rôle de flagorneurs de juges, nos avocats sont (au mieux) très réticents à attirer leur attention sur ce fait majeur. Or il est de votre responsabilité de magistrats, à vous rendre conscients des endommagements à long terme, ainsi infligés à ces enfants engagés dans une guerre parricide de longue durée. Que cela vous plaise ou non, que vous soyez formés à cela ou non,  que vous soyez ou non dans l'incapacité pratique de faire respecter vos propres décisions, vous avez une responsabilité incontournable sur la santé mentale publique, via les enfants et l'usage parfois ignoble et criminel que l'on fait d'eux - sous couvert de "L'enfant d'abord", par exemple...

Ensuite le Droit communautaire Européen, et les décisions de la Cour Européenne de Justice, sont bien faits aussi, mais on constate hélas des combines, y compris à la Cour de Cassation, pour ruser contre, et en faire des lettres mortes. Nous demandons le respect de ce Droit communautaire Européen, dont les apports sont nécessaires à la République.

 

Que faire ensuite ? Pratiquer des expériences pilotes de contrôle qualité.

Nous avons constaté, que les avocats, les experts et les magistrats, dans leurs efforts pour produire l'injustice voulue, ne parvenaient jamais à ne pas se trahir par des fautes formelles, par des confusions, des contradictions, voire des faux dans leurs écrits, et des violations du principe du contradictoire. Or ces fautes sont constatables par des commissions de contrôle, bien moins lourdes et lentes que ne le sont les Cours d'Appel. Elles peuvent être paritaires, comportant une minorité de magistrats et praticiens du droit, face à une majorité de citoyens seniors, ayant déjà exercé d'autres responsabilités avec rigueur, dont notamment des gens issus des professions de la santé mentale. Pour être efficaces, ces commissions de contrôle devraient intervenir dans les deux semaines.

Ces commissions de contrôle pourraient retirer des points à votre permis de conduire les familles à l'abattoir. Oui, ce serait un privilège que l'on vous retirerait, et d'abord aux avocats récidivistes de présentations de dossiers truqués. C'est à ce prix, que votre fonction pourrait redevenir le service public dont la République, et ses enfants, ont un besoin vital. Un enregistrement vidéo automatique des audiences, accessible aux commissions de contrôle qualité, serait utile pour décourager ces manquements partiaux à la règle du contradictoire. Certaines écoles de thérapie systémique pratiquent cet enregistrement vidéo, et des superviseurs derrière la glace sans tain, depuis environ trente ans, avec des résultats indiscutables. Voir par exemple les ouvrages écrits par l'école de Milan, ou par la pionnière américaine Cloé Madanes (Editions ESF en général, pour les traductions françaises). Une autre règle pratiquée par nombre d'équipes de thérapeutes familiaux, est qu'on reçoit les couples et les familles à deux thérapeutes : un mâle et une femme. Nous demandons la même parité homme/femme chez les magistrats à chaque audience en matière familiale. Alors que présentement la domination féminine est écrasante.

Vous n'êtes pas si impuissants que cela dans l'organisation future de votre profession. Aurez-vous le courage ? Pourrons-nous compter sur vous ?
Nous, nous sommes prêts à monter bénévolement des expériences pilotes. Ce sera notre contribution citoyenne. Quant à notre éthique, nous l'avons publiée, et nous l'appliquons. Notre code de déontologie familiale est publié, en ligne, accessible à chacun, exposé au feu de la critique et de la controverse. Contrairement à la délinquance organisée que nous dénonçons, nous n'avons rien à cacher, nous.

 

Trois pièces sont jointes à l'adresse http://jacques.lavau.perso.sfr.fr/disputatio/viewtopic.php?pid=8#p8 :

Extraits  de Nice Matin, du 12 avril 2002,

Extrait du rapport de la mission parlementaire d'information http://www.assemblee-nationale.fr/rap-info/i2311-612.asp

Compte-rendu du procès de Pau, 22-24 septembre 2004.

 

Signataires :

Jacques Lavau, ingénieur de recherches retraité.

Michel Herman, journaliste.

Rémy Lejeune, marbrier retraité,

 

 

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Commentaires   

#1 admin 15-02-2006 16:21
Sur 3 concours d'entrée à l'Ecole Nationale de la Magistrature, selon expérience professionnelle antérieure et limite d'âge, 250 admis en 2005, plus 4 en liste complémentaire.

Sur ces 254, 49 sont des mâles, soit 19,3%. Il est à remarquer s'ils sont significativement plus haut dans le classement, que la moyenne générale.
Chiffres et précisions disponibles à http://www.enm.justice.fr/

Il est du reste remarquable que notre décompte diverge de celui publié par l'ENM. Qui s'est trompé ?
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#2 admin 21-02-2006 12:02
S'il en est qui se demandent quels sont les réseaux de malfaitrices qui ont pris le contrôle de la mythologie mise en oeuvre au tribunal de Douai, pas de problème, et par elles-mêmes :
http://sisyphe.org/article.php3?id_article=1324
http://sisyphe.org/article.php3?id_article=271
Citation : "Selon Catherine Bonnet, pédopsychiatre, "Il y a un puissant contre-courant en France, étayé par des auteurs comme Bernard Fillaire, qui dénonce la douleur des pères et met en garde la société contre des mères hystériques qui utilisent le soupçon d'inceste comme arme dans le divorce. Ce courant est très utile pour protéger des notables et pour masquer l'existence des réseaux pédophiles." [10]"

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#3 admin 28-02-2006 15:01
Dignaction, une mine de renseignements et de sources, quoique assez étrange parfois :
http://www.decadi.com/dignaction/Ffrance.html

Rapport du procureur Viout sur le procès d'Outreau :
http://www.justice.gouv.fr/publicat/JMOutreau.pdf

A suivre !


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#4 admin 29-03-2006 15:52
Ce projet de lettre ouverte a encore des carences qui me chiffonnent :

Toujours pas de cartographie des pouvoirs réels et des non-pouvoirs des magistrats. Inadmissible sous la plume d'un consultant en management.

Pas, ou si peu de cartographie des trous des nosographies psychiatriques, auxquelles l'expert judiciaire se réfère : La totalité des variantes de la perversité est "oubliée", ce qui n'a rien d'un hasard.

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#5 admin 16-02-2007 02:18
Les pièces citées sont en ligne à http://lavaujac.club.fr/disputatio/viewtopic.php?pid=10#p10
http://lavaujac.club.fr/disputatio/viewtopic.php?pid=11#p11
http://lavaujac.club.fr/disputatio/viewtopic.php?pid=12#p12 :
Nice Matin, Rapport de la mission parlementaire, transcription de SudOuest, compte-rendu des assises de Pau des 22 à 24 septembre 2004.
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