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3/5 Compétition et fourberies (sous déguisement victimaire)

3/5 Compétition et fourberies (sous déguisement victimaire)

Compétition et fourberies.

Des citations ?

Cependant, un amant plairait fort à la dame,

Et même, pour Alceste, elle a tendresse d'âme ;

Enfin, je n'ai rien vu de si sot, à mon gré,

Elle est impertinente au suprême degré ;

Ah Arsinoé ! Quel heureux sort, en ce lieu, vous amène ?

Madame, sans mentir, j'étais de vous, en peine.

Molière, Le Misanthrope, acte 3, scènes 3 et 4.

 

Dans le téléfilm de comédie au scénario bourré d’invraisemblances « Un château au soleil », mais riche de numéros d’acteurs, un duel aussi savoureux que celui d’Arsinoé et Célimène oppose Annie Duperey et Christiane Minazzoli, jouant respectivement la future maîtresse, et l’actuelle maîtresse en titre du châtelain incarné par Jean-Pierre Marielle.

 

La série de télévision « Femme$ de footballeurs » était centrée sur le souci de ces riches élégantes, de garder pour elles leurs maris aux pieds d’or, alors que la concurrence était toute émoustillée.

 

Plus sanglant, voir la façon dont Frédégonde (545-597) fit assassiner la reine Galswinthe (545-568), après avoir manipulé la naïve Audowere puis le naïf Chilpéric pour lui faire répudier sa première épouse Audowere (530-580). Après quoi elle organisa avec ses gens le viol de Basine, dernière descendante d’Audowere, pour l’écarter de la succession.

Même stratégie de parasitisme sans pitié pour Livia Drusilla, troisième épouse d’Octave (Caius Octavius Thurinus = César Auguste), qui manoeuvra de même pour écarter et faire incarcérer Julia, seule descendante légitime d’Octave, et fit assassiner tous ceux qui gênaient l’accession à l’empire de son fils d’un premier mariage, Tiberius Claudius Nero. Et la suite de l’histoire de la dynastie des Julio-Claudiens n’est pas mieux, en cruautés et fourberies.

Comme partout dans le monde vivant, les gènes de la femme sont égoïstes.

Il n’est pas exceptionnel qu’une seconde épouse défenestre la fille d’un premier lit de son nouveau mari, afin de réserver la succession conjugale à ses propres gènes. Comme ce ne sont que des petites gens, la presse n’est pas au courant du meurtre, et le procureur s’empresse de classer l’affaire sans enquête. Seul un père riche pourrait payer les frais d’enquête que le procureur commence par lui réclamer.

Dans son livre « Autrement dit », Marie Cardinal vante que les armes féminines favorites sont le mensonge et la ruse, mais en féministe, elle prétend que ce sont là des armes de légitime défense contre les mâles. Mensonge éhonté : ce sont avant tout des armes de concurrence contre les autres femmes, pour évincer et supplanter les autres.

Dans le film Mon oncle d’Amérique, où Jean le Gall, ambitieux bourgeois riche de patrimoine a soudain quitté femme et enfants pour Janine Garnier (jouée par Nicole Garcia, alors d’une beauté renversante), son épouse Arlette joue à Janine la tragi-comédie de la cancéreuse condamnée. Avec le résultat que l’on attend de la dictature de l’émotion : la trop belle comédienne met à la porte l’ambitieux dont le pouvoir politique a subi un revers, et son épouse le récupère.

Les chansons des premières années d’Anne Sylvestre sont obsédées d’être la reinela reinela reine, de balancer ses jupons mieux que les autres, d’avoir plus d’amants que les autres, plus de beaux enfants que les autres, obtenus de tous les plus beaux mâles du canton, ou à défaut, de se vanter d’avoir d’avoir un cœur plus vaste encore

 

Hé oui, devant la lourdeur de l’investissement à porter, nourrir et éduquer des enfants si lents à se développer, chaque femme est en concurrence avec toutes les autres pour se procurer les mâles les plus performants, les plus forts, les plus rusés, les plus dominateurs, les plus territoriaux et les plus riches de butin…

Exprimé par des humoristes, cela donne la série "Men are like" :

Les hommes sont comme les places de parking : les meilleurs sont déjà pris.

Les hommes sont comme le café : bien meilleur quand il est riche.

...

Aussi l’espèce a dû développer des armes de séduction massive et de compétition spécifiquement féminines, qu’on ne rencontre pas ou si peu chez les autres mammifères.

 

maquillage

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Évidemment la poitrine féminine joue un grand rôle de signal social de nubilité, différent selon les peuplades. Sur la peau noire des boshimanes, le mamelon rouge gorgé de sang de la jeune nubile, est un signal qu’on ne peut manquer.

En termes choisis, Tolstoï mentionne qu’Hélène, la vénale et volage épouse de Pierre Bézoukhov, en divorce et partie en Pologne, « éclipse » par sa poitrine opulente « la beauté plus fine et discrète des polonaises ».

Dans le dosage hormonal de la nubilité, la vasopressine intervient dans le gonflement des seins et des lèvres. Par ses lèvres turgescentes, la jeune femme nubile récupère un des signaux sociaux des bébés, et bénéficie de nos réflexes de protection et d’affection envers les bébés et jeunes enfants. Vingt-cinq ans plus tard, mais n’anticipons pas…

Des humoristes précisent que cette matière dangereuse (la femme) verdit quand elle est en présence d'un échantillon de qualité supérieure.

Dans certains cas pathologiques, la compétition est transgénérationnelle. On ne compte plus les cas de féroce jalousie du parent de même sexe, de la mère contre sa fille, ou du père contre son fils. Sylvie Joly en a donné une version hilarante et inoubliable dans son sketch Catherine.

J'ai eu peur un temps, je l'avoue, que Delphine soit terriblement jalouse de moi. Mais ce qu'il fallait simplement, c'est qu'elle ne se sente pas trop écrasée. Je lui ai laissé espérer, sans trop insister évidemment, avec tact, qu'elle aussi, peut-être ; serait ravissante un jour. Évidemment, ça m'agace parfois, de voir Delphine copier mes gestes, mes attitudes, mon maquillage, même me chiper mes robes, même mes jeans le petit chameau . Mais elle est tellement, tellement heureuse d'essayer d'être une Catherine numéro deux. Et j'aimerais tant qu'elle y parvienne. J'aimerais tant qu'elle soit, plus tard, pour son mari, ce que je suis pour Philippe.

Mais ce texte sec ne vous rend pas la voix si parfaitement travaillée dans les intonations du seizième arrondissement, de cette actrice dotée d’une oreille phénoménale.

Cette jalousie commence largement avant que l’enfant jalousé devienne compétiteur sexuel ou compétitrice sexuelle, cela commence comme une jalousie de grand frère à petit frère, ou de grande sœur à petite sœur. Dans nombre de peuplades d’Afrique, les femmes d’âge mûri règlent radicalement la question de la concurrence sexuelle des plus jeunes, en leur excisant le clitoris.

Un exemple est historique, de jalousie féroce d’une mère contre sa bru : Blanche de Castille multipliait les interdits conjugaux contre son fils, Louis IX et contre sa bru Marguerite de Provence. Elle tenait à maintenir son fils en pucelage perpétuel, ou du moins abstinence sévère. De toutes les résidences royales, Louis et Marguerite préféraient de beaucoup le château où ils n’étaient séparés que par un escalier en vis, privé. Le clinicien a les oreilles qui remuent lorsqu’il lit que quelques années plus tard, Marguerite de Provence fit subir à sa bru (Isabelle d’Aragon ?) la même maltraitance anti-sexuelle. Le contage de la maladie mentale est bien plus culturel que génétique.

J’ai recueilli le témoignage où une mère se coalisait avec son gendre pour mieux abattre sa fille, une priorité inhabituelle : 
http://caton-censeur.org/resources/Jeanpapol/1600_km_+_1600_km_pour_rien.htm.

 

Les enfants ainsi persécutés par la jalousie d’un parent, le plus souvent par la mère, deviennent-ils tous paranoïaques ? Certains oui, mais la causalité de la paranoïa est nettement plus compliquée que cela. Je l’avais traité en son temps : http://jacques.lavau.deonto-ethique.eu/paranoia.html

Persécuté par sa mère, Poil de carotte n’est jamais devenu paranoïaque. Mais Jules Renard se savait fragilisé, et priait « Ne grattez pas trop ».


Dans d’autres familles, l’égoïsme de clan peut être redoutable pour les autres ; certaines familles sont des nids de mitrailleuses braquées sur l’extérieur. Certains se souviennent peut être encore de la querelle sauvage de Marcel Landowski contre Pierre Boulez. C’est vrai que les concerts du Domaine Musical dirigé par Boulez ne rassemblaient qu’un public snob, fier de devenir une élite cultivée en faisant semblant d’apprécier. J’y ai été une fois (peut-être deux ?). Un rang à côté, deux titis gouaillèrent sur le bouteillophone coincé. Landowski coupa la subvention du Domaine Musical, voulant de la musique beaucoup plus tournée vers le grand public. Je n’ai pas un bon souvenir de l’opéra de Landowski, « Le fou », retransmis à la radio en 1960. L’argument m’avait semblé sentencieux et prétentieux, et la musique pompière, en paroxysmes pénibles. Sa nièce m’a assuré de conflits entre le compositeur et le chef d’orchestre, et que par conséquent l’œuvre avait été mal jouée. La mère de Marcel Landowski, femme fort tribale, épousait la querelle de son fils contre Boulez, et nous cancana son indignation qu’il paraissait que Boulez dirigeait sans baguette. J’ai beaucoup de bien à dire des directions d’orchestre de Boulez après la querelle et son exil aux U.S.A.

Cette tribu-là - ce nid de mitrailleuses - aurait-elle été une bonne belle-famille ? Je frémis encore rétrospectivement à y penser. J’ai d’autres souvenirs cuisants de perfidies par d’autres mères de famille, trop heureuses d’enfoncer sournoisement les enfants des autres, pour mieux rehausser les leurs. Y compris enfoncer perfidement mes enfants.

Comme partout dans le monde vivant, les gènes des femmes sont égoïstes.

 

Dans son roman « Un recteur de l’île de Sein », où Thomas, ancien enfant de chœur, remplace provisoirement et informellement l’ancien recteur (curé, en Bretagne) non encore remplacé, Henri Queffelec décrit une grande querelle des femmes de Sein : La jeune Anaïs est amoureuse de Thomas, le jeune pêcheur faisant fonction de recteur, et une autre femme jalouse la traite de tous les noms. Quand les hommes rentrent de la pêche le soir, ils désapprouvent toute cette querelle et ces cris, « Si on laissait faire les femmes, l’île serait toujours à feu et à sang », et la mer est déjà largement assez dure et dangereuse à elle seule.

 

L’obsession du statut social supérieur peut aller jusqu’à provoquer une nouvelle bagarre de mâles, pour être bien certaine d’avoir choisi le vainqueur (puis choisir le nouveau vainqueur, cela va de soi).

 

Ventre saint gris ! Voilà que j’oubliais une arme de compétition féminine majeure : l’hypnose !

Dans son roman « Une jeune femme de soixante ans », Jean Chalon décrit le désarroi voire la détresse finale de son héroïne : pour faire face aux coûts de sa grande maison bizarre à Passy, la « Folie mauve », et remédier à ses dettes, Nora a séduit et épousé un commerçant à la tête froide et rationnelle. Et là catastrophe dans sa vie mondaine : chaque fois que Nora pense éblouir la société réunie dans son salon, par une boutade obscure lancée avec des effets de voix hypnotisants, son mari interroge : « Mais je ne vous comprends pas très bien, chère amie. Pourriez-vous préciser votre pensée ?». Diantre ! C’est justement ce qu’elle ne pourrait pas faire : préciser sa pensée ! Nora n’a que des astuces pour paraître originale et pétillante, son intellect ne va pas au-delà. Avec un mari non hypnotisable, et dont elle a besoin pour son train de vie, que faire pour briller encore par le bluff et l’hypnose ?

La journaliste Claude Sarraute pratiquait les mêmes ruses à courte vue et bousculait la syntaxe, pour désarçonner par la surprise. Au delà de ce court terme qui semblait suffire pour des billets d’humeur dans le quotidien Le Monde qui en 1980 n’était pas encore devenu Li mMonde, aucune pensée construite. Son horizon se limitait au seul chaud bize (show business : industrie du spectacle), zéro pensée sociale. En 1991, elle se fit recadrer puis jeter de L’heure de vérité, où elle tentait de mettre en boîte Georges Marchais.


Alors en exercice à Chestnut Lodge, le psychiatre Harold F. Searles a décrit un procédé utilisé par une des pensionnaires schizophrènes chroniques, pour tâcher de le rendre fou : tenir sévèrement des discours très universitaires sur des questions philosophiques obscures, tout en prenant moult positions très provoquantes dans une jupe très courte et un corsage très moulant. Ça ferait une bonne introduction à un scénario de porno, tiens !


La télévision du parti gaulliste avait clairement pour mission l’hypnose générale du peuple français. Août 1963, l’hypnose de charme multipliait les effets de lèvres, de seins, de ports de tête, et de voix pour sussurer :

Zoubizoubizou hou ! (bis)
Zoubizou zoubizou zoubizou zoubizou !
Vous ne saurez jamais, ce que veut dire zoubizou !

Le cadrage ne permettait pas au téléspectateur de vérifier quels autres effets de fesses étaient exhibés en plus dans le studio, pour faire feuler tous les mâles.

 

Certes bien moins grave que l’excision des fillettes, un autre cas pathologique de la compétition mère-fille a été conté par Jacques-Antoine Malarewicz, dans Supervision en thérapie systémique, ESF, 1999. Telle femme consultait en raison de sa « difficulté à quitter son amant ».

Thérapeute : Elle a 45 ans et son mari 50. Ils ont deux enfants, deux filles qui sont parties de la maison. … Les parents sont tous deux enseignants.

Superviseur : Et elle n’arrive donc pas à se séparer de son amant ?

T : En fait elle a toujours eu des amants jusqu’au jour où son mari s’en est aperçu… Il a alors pris une maîtresse. Elle a alors promis de quitter l’amant qu’elle avait à ce moment là… Ce qu’elle n’a pas fait… Ce qu’elle n’arrive pas à faire, tout en disant qu’elle l’a fait.

S : Pourquoi faire simple ? Et le mari ?

T : Il a toujours sa maîtresse.

S : Elle a donc le sentiment de s’être fait avoir ?

T : Oui, car son amant a pris, entre temps, une autre maîtresse. Elle a donc envie de le quitter, mais n’y parvient pas. C’est la raison pour laquelle elle est venue me voir.

Puis le superviseur consulte le génogramme.

T : Elle a perdu son père il y a une dizaine d’années. Elle a une sœur… Sa mère a eu aussi un enfant adultérin, un garçon, son demi-frère donc, qui a une quarantaine d’années.

S : Son père l’a reconnu ?

T : Oui, tout à fait...

Pour sortir le nez de la thérapeute du guidon où la tient sa cliente, J.-A.M. propose une simulation gestaltiste, où il prend le rôle de la thérapeute, et elle le rôle de sa cliente. Il lui fait explorer davantage les liens de filiation. Il en ressort bientôt que le problème réel tient dans la gestion de trois ou quatre deuils.

  1. En premier lieu, elle n’a pas réussi à faire aussi fort que sa mère, dans la compétition d’adultères : elle n’a pas réussi à se faire faire un enfant adultérin à imposer à son mari. La compétition d’adultères est donc perdue.

  2. Sa mère finira par mourir, et il y a son deuil à faire.

  3. Elle n’a pas réussi à avoir un garçon. Et à 45 ans, c’est pratiquement plié. Le pire est que la maîtresse concurrente, probablement bien plus jeune, pourrait bien le faire, ce garçon tenu pour nécessaire à son standinge social.

  4. Et il est possible que le deuil du père mort il y a dix ans, n’est pas encore procédé.

Son attachement avec sa mère se joue dans une rivalité de femmes, et elle organise une rivalité entre deux hommes, son mari et son amant, en modèle sur sa rivalité avec sa mère.

S : Il me semble que tu sera amenée à lui poser la question de son remariage avec son mari.

 

Rivalités, compétition, égoïsmes. Si vous l’oubliez, vous vous condamnez à ne rien comprendre. Cette part de l’animalité, si elle est surdéveloppée, peut ruiner les autres objectifs de l’individu, de sa famille, de son peuple. Il est spécifique à l’espèce humaine que les femelles en âge de procréer sont en compétition si féroce pour être la plus étincelante, qui capture les meilleurs mâles.

A suivre.

 

 


Précédents articles :

1/5. Spécialisation vitale, spécifique à l'espèce humaine.

 

2/5. Le Grand Livre des loyautés dues, entre générations et prochains.

 

Suite : 

4/5. Choisir entre la jouissance et les querelles.

Selon le psychologue canadien Yvon Dallaire seuls 20 % des couples parviennent à dépasser le stade de la guerre à mort pour le pouvoir.

A suivre.

 

5/5. Exploitation de la guerre de suprématie. Les marionnettistes.

Rockefeller, la C.I.A., György Soros... Si si ! Des philanthropes !

 

Fin 5/5.

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