Accusations mensongères. Circulez ! Ya rien à voir !

13/01/09

 

706 - Antonio MADEIRA, Loïc SECHER : Même combat contre l’absurde

En liberté conditionnelle pour l’un (A. Madeira), toujours derrière les barreaux pour l’autre (L. Secher), ces deux hommes vivent le même drame depuis plusieurs années sans se connaître. Condamnés pour viols sur mineures, il y a plusieurs années, sur la base de simples accusations mensongères sur lesquelles leurs accusatrices respectives sont revenues dernièrement, il leur faudra encore beaucoup de patience, d’énergie et d’argent pour obtenir la révision de leur procès si l’on s’en réfère aux dernières décisions de justice les concernant.

Leur drame est simple. Convoqués un jour au commissariat (en 1999 pour A. Madeira, en 2000 pour Loïc Sécher) ils ont été confrontés à une accusation de viols sur mineures, (par sa propre fille en ce qui concerne A. Madeira, par la fille de ses voisins pour L. Sécher), mis en examen puis condamnés définitivement (12 ans pour A. Madeira,  16 ans pour Loïc Sécher).

Jusque là tout le monde crie au loup et au monstre ! 

Mais après plusieurs années, les deux jeunes filles ont grandi, sont devenues majeures et ont pris conscience du piège dans lequel la société les avait enfermées pour condamner des innocents. Virginie Madeira réagit en 2006 en publiant un livre « J’ai menti » dans lequel elle explique comment elle a pu se laisser entraîner à dénoncer son père jusqu’à le faire condamner. Des examens gynécologiques qui n’avaient pas été faits lors de l’instruction prouvent qu’elle est vierge et n’a donc pas été violée lorsqu’elle était mineure. Concernant Loïc Secher, au printemps 2008, celle qui l’a fait condamner déclare officiellement par procès verbal qu’elle a menti, que Loïc Secher ne l’a jamais violée et qu’elle ne supporte plus de le savoir en prison pour rien.

Dans les deux cas, la commission de révision des condamnations pénales refuse la demande de remise en liberté dans l’attente d’un nouveau procès. A. Madeira sera remis en liberté conditionnelle seulement parce qu’il a déjà accompli la moitié de sa peine. Pour Loïc Sécher, la demande de remise en liberté a été rejetée en octobre 2008 et il a donc passé son huitième Noël en prison.

Dans les deux cas, les « faits nouveaux » transmis à la commission n’ont pas été considérés comme suffisamment probants !

Depuis la parution du livre de Virginie en 2006, Antonio Madeira a déjà fait deux demandes de révision. Toutes les deux ont été refusées dont la seconde le 12 janvier 2009. La commission a estimé que « les explications données par Virginie Madeira pour justifier ses accusations puis ses rétractations sont contredites par les éléments du dossier ». Selon les juges, Virginie « a, dès l’origine, pris conscience que ses accusations étaient susceptibles de conduire à l’incarcération de son père, seule ressource de la famille, et combien elle a souffert d’être séparée des siens […] ainsi que de ne pas être crue par sa mèr». Quant aux expertises gynécologiques, mises en avant par la défense, elles ne permettraient pas « d’exclure formellement a priori des pénétrations vaginales ». Et, bien que les spécialistes aient estimé que « des pénétrations vaginales intervenues avant la puberté auraient provoqué des lésions traumatiques » (Virginie avait assuré être agressée depuis le plus jeune âge), la commission de révision considère que leurs observations « n’apparaissent pas incompatibles avec les déclarations de la jeune fille qui n’a pas été en mesure de préciser la date » des premiers attouchements. C’est pourquoi, les magistrats de la cour de cassation ont estimé que les deux éléments soulevés par la défense « ne sauraient constituer des faits nouveaux » !

Pour Loïc Sécher, le refus de remise en liberté a été fondé sur le fait qu' « il y avait, en l'état, d'autres éléments confortant les accusations d'origine, la lettre de rétractation n'étant pas seule de nature à justifier la suspension de l'exécution de la peine! Or, la condamnation de Loïc Sécher était basée sur les seules déclarations de la jeune fille. Il n’ay avait pas eu d’analyse ADN et de confrontation !

Maitre Jean Marc Florant, l’avocat de A. Madeira a déclaré à France Soir au sujet du refus de révision du procès de son client:

« Cette jeune fille, durant une heure d’audition dans le cadre du supplément d’information ordonné par la commission de révision, a maintenu mordicus qu’elle a menti, pourquoi elle a menti et pourquoi elle s’est rétractée. Et ce n’est pas une personne vulnérable ou atteinte de troubles psychiatriques. Malgré tout, la cour a estimé qu’elle n’est pas crédible. Ce que je trouve lamentable, c’est que la cour d’assises aurait eu en face d’elle un M. Madeira avec sa fille qui vient dire : “Je t’ai accusé à tort”, et en sachant qu’elle était vierge, les jurés l’auraient acquittée ! Autant vous dire qu’aujourd’hui, dans les affaires de mœurs, qui représentent 80 % des décisions de cours d’assises, il n’y aura jamais de révision. On cadenasse la porte à toutes les autres demandes de révision ! »

Loïc Sécher sera probablement confronté au même obstacle même si, sous la torture psychologique qu’on lui a fait subir en garde à vue, il n’a jamais reconnu la moindre agression sur son accusatrice.

Il semble donc qu’aux yeux de l’Institution Judiciaire , la crédibilité ne fonctionne que dans un sens : lorsqu’il s’agit d’accuser et de condamner.  C’est l’effet pervers de la dictature de l’émotion analysé précédemment dans un article concernant Loïc Sécher.

Lire toutes les réactions à cet article sur AGORAVOX

Posté par B2IA à 09:02 - 7 - CRIS D'INNOCENCE -

 

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24/06/11

2910 - Loïc Sécher acquitté - Analyse de l'erreur judiciaire

Fin du calvaire pour Loïc Sécher ! La cour d'assises d'appel de Paris l'a acquitté vendredi 24 juin 2011. La salle a applaudi à l'annonce de la décision, rendue après deux heures de délibéré. Juste avant que la cour ne se retire pour prendre sa décision, Loïc Sécher avait "renouvelé (son) cri d'innocence" et eu une pensée pour son père, décédé cette année.

Au nom du "bien de la justice", l'avocat général, François-Louis Coste, avait demandé jeudi à la cour de reconnaître l'erreur judiciaire dont avait été victime Loïc Sécher et de l'acquitter. "Personne ne mérite ce qui vous est arrivé", avait ensuite dit à son client l'avocat de la défense, Me Eric Dupond-Moretti. Fin 2000, Emilie, 14 ans, en proie à un profond mal-être, l'avait accusé de lui avoir fait subir à plusieurs reprises viols et agressions sexuelles. Loïc Sécher, qui a toujours clamé son innocence, avait été condamné

Loïc Sécher devient le septième condamné depuis 1945 à être acquitté après une condamnation définitive et le dizième depuis 1792. Liste ci-jointe.

A lire pour analyser les causes de l'erreur judiciaire

La part de responsabilité de la circulaire Royal - Agoravox  - 24/06/11

 

 http://blogdesinnocents.canalblog.com/tag/SECHER

 

 

Affaire Loïc SECHER : La part de responsabilité de la circulaire Royal !

 Loïc Sécher est jugé pour la troisième fois par la Cour d’assises pour des faits qu’il n’a pas commis mais dont les deux premières condamnations à 16 ans de prison l’ont conduit à accomplir la moitié de cette peine avant que la jeune fille accusatrice le déclare innocent.

  La Cour de révision aurait pu lui éviter, ainsi qu’à la jeune fille, l’épreuve d’un troisième procès. Mais il est toujours difficile à des metteurs en scène de sacrifier une dernière représentation théâtrale pour des raisons de bons sens ! Alors, le spectacle go on…

 Et puisque ce procès se déroule actuellement du 20 au 24 juin 2011, profitons-en pour dénoncer une nouvelle fois la circulaire Royal qui a sa part de responsabilité, entre autres, dans ce fiasco.

 Rappel : Après l’affaire Dutroux en Belgique au cours des années 96-97, le monde politique s’agite en France et veut ériger la défense des enfants comme un mur de morale protectrice pour exorciser les erreurs et les compromissions du passé. Pour Alain Juppé, le premier ministre de l’époque « Il faut parfois mettre entre parenthèses les droits de l’homme pour protéger ceux de l’enfant » (L’Express – 4/9/96). Le 11 juin 1997, Ségolène Royal, ministre des Ecoles, déclare à Europe1 : « Il faut que la parole des enfants soit entendue, qu’ils soient crus ». En 1999, le conseiller Hayat affirme à une délégation syndicale au nom des ministres Allègre et Royal : « Si un enfant peut être préservé au prix de neuf enseignants accusés à tort, l’objectif est rempli. »

 La circulaire Royal de 1997 obligea le personnel de l’Education en cas de rumeur à « s’extraire au plus vite » de cette situation en informant sa hiérarchie afin de procéder à une enquête interne puis à une dénonciation au procureur de la République. Il fut clairement rappelé au personnel de l’Education que « Tout manquement à cette obligation légale l’expose à être poursuivi en justice pour non-empêchement de crime, non-dénonciation de mauvais traitements, omission de porter secours ou non-assistance à personne en péril, selon les cas et à faire l’objet de poursuites disciplinaires ».

  Le rapprochement avec l’affaire Loïc Sécher qui se déroule à l’automne 2000. Selon l’AFP qui a rapporté, mardi 21 juin 2011, les témoignages de deux professeurs de la jeune fille, on ne peut que constater qu'ils ont appliqué à la lettre les ordres de la circulaire Royal. 

 Karine Etévenard, professeur de physique et Michaël Deshaies, professeur de français ont recueilli des confidences de l'adolescente de 14 ans, qui, en novembre 2000, leur a confié avoir été violée.

''Peut-être qu'elle nous a trompés sur la personne mais, sur ce qui lui était arrivé, je ne peux pas imaginer qu'elle nous ait menti'', a déclaré devant la cour d'assises d'appel de Paris Karine Etévenard, professeur de physique, encore bouleversée à l'évocation de cette époque. ''Elle me faisait peine... On réagit avec empathie face à un enfant qui souffre'', a expliqué son ancien collègue Michaël Deshaies, professeur de français.

Elle ne donnait pas le nom de l'homme, mais sa description avait suffi à ses parents pour identifier Loïc Sécher, un voisin, résidant comme eux dans une petite commune de la Loire-Atlantique toute proche.

Ses professeurs, Mme Etévenard en particulier, ont expliqué combien ils avaient tenté de comprendre pourquoi elle allait si mal. Ils ont aussi raconté s'être sentis bien seuls face à une hiérarchie beaucoup plus sceptique face au comportement de la jeune fille.

Emilie avait parlé d'''attouchements'' à Mme Etévenard. Ensuite, dans une rédaction, elle a évoqué une ''humiliation'' de la part de son père, sans évoquer spécifiquement des abus sexuels mais en mentionnant dans la marge ''SVP ne parler (sic) pas de ce devoir''.

Son professeur de français s'en est alarmé et a fait un ''signalement'' au tribunal de grande instance. C'était pendant les vacances de Toussaint 2000. Ensuite, le 25 novembre 2000, les deux professeurs, avec une camarade de classe, ont discuté avec Emilie, l'ont interrogée, lui posant des questions, certainement plus ''fermées'' que ne l'auraient fait des spécialistes. ''Sans doute était-ce maladroit... Je ne suis pas psychologue'', reconnaît le professeur de français. ''C'est très douloureux, même onze ans après'', dit-il.

 Responsabilité de la circulaire Royal : En 2000, le scandale d’Outreau n’avait pas encore éclaboussé la procédure judiciaire et il ne se terminait pas un seul journal télévisé sans que nos vedettes du petit écran ne dénoncent une affaire de pédophilie. Malheur à ceux qui étaient accusés à tort ! Leurs cris d’innocence, non seulement n’avaient pas grande valeur mais étaient bien souvent une circonstance aggravante pour les coller à l’abri derrière les barreaux ! Et le personnel de l’Education était aux premières loges comme victimes de la rumeur ou comme « complice », coupable de non dénonciation car la circulaire Royal était claire à ce sujet : « s’extraire de cette situation » et « Tout manquement à cette obligation légale l’expose à être poursuivi en justice pour non-empêchement de crime, non-dénonciation de mauvais traitements, omission de porter secours ou non-assistance à personne en péril, selon les cas et à faire l’objet de poursuites disciplinaires ».

 Alors, certains professeurs, troublés par la souffrance d’enfants qui leur étaient confiés, ont pu se laisser emporter par leur rôle d’éducateur et le pousser jusqu’à considérer que « l‘enfant dit toujours le vrai ! » comme le préconisait Ségolène Royal que le suicide d’un enseignant (Bernard Hanse) sur de fausses accusations ne dérangeait pas dans ses certitudes.

 

 Conclusion : Loin de nous l’idée d’accabler des professeurs qui ont été aveuglés par cette satanée circulaire et par les fausses certitudes d’une classe politique et d’une cour médiatique, toujours prêtes à sacrifier le bouc émissaire sur le plateau de la popularité.

Outreau est passé par là pour ramener une certaine forme de démagogie à un peu plus de décence mais rien n’a changé sur le fond… D’autres Loïc Sécher dorment en prison. Signalons, entre autres, le cas de Jean-Paul Degache, instituteur ardéchois, condamné par deux fois à 8 ans de prison pour des faits qu’il a toujours nié et qui n’ont jamais été démontré.

 La dictature de l’émotion n’est pas morte ! 

  http://www.agoravox.fr/actualites/societe/article/affaire-loic-secher-la-part-de-96375

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