1/5. Spécialisation vitale, spécifique à l'espèce humaine.
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- Catégorie : Ethique
- Publication : samedi 13 juillet 2019 14:13
- Écrit par J. Lavau
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1/5. Spécialisation vitale.
Dans aucune autre espèce de mammifères, la femelle n’est autant spécialisée que la femelle humaine. Dans aucune autre espèce, l’encéphalisation extrême et le ralentissement de croissance qui en est la conséquence, ne demandent autant à la gestation, à la parturition, ni n’exigent une telle durée d’allaitement et de soins intensifs. Les parturitions difficiles et dangereuses, une affaire de vie ou de mort imminente sont fort rares ailleurs que dans notre espèce. Seuls les équidés domestiques sont connus pour des cas d’accouchements difficultueux et qui parfois échouent.
Chez les autres primates, les seuls cas de spécialisation physique d’un sexe sont invariablement la spécialisation du mâle, soumis à forte compétition. Chez les gorilles qui vivent en petits harems dominés par un grand et gros mâle à dos argenté, le mâle est spécialisé pour assurer la domination et la défense physique du petit groupe. Moindre spécialisation du mâle chez les orangs-outans, qui passent plus de temps dans les arbres qu’au sol. Spécialisation aussi des mâles babouins, qui contrôlent leur monde aux canines. Les babouins dorment dans les arbres, mais vivent au sol. Zéro spécialisation chez les gibbons, qui sont les seuls primates vivant en couple fidèle, et famille nucléaire. Presque pas de spécialisation sexuelle non plus chez les chimpanzés. Ils vivent en groupes de promiscuité, où les mâles dominants copulent tous à tour de rôle avec les femelles en chaleur. Chez eux la compétition est au sperme, et leur évolution a privilégié la taille des testicules, pour émettre le sperme qui sera victorieux des autres.
Chez les éléphants de mer, c’est le mâle qui est spécialisé sur la compétition pour écarter tous les autres mâles, rivaux évincés. Seule une petite minorité de mammifères vivent en couple et élèvent en couple les petits : les écureuils, les renards, les élans, les gibbons déjà cités, plusieurs mustélidés dont les loutres (la mise bas dans un terrier est déterminante). Les loups dans une certaine mesure. Certains phoques, dans la stricte mesure où la répartition du terrain côtier le permet : sans grandes plages, mais juste de nombreuses petites criques.
Si l’évolution physique des femelles humaines vers des bassins toujours plus larges n’était due qu’à la cruelle sélection par des accouchements rendus impossibles et mortels par les crânes toujours plus gros des bébés, il est peu probable qu’elle aurait été aussi rapide et profonde ; de plus cette espèce aurait été bien plus menacée et précaire. Le second moteur, parfois le premier moteur des évolutions demeure la sélection sexuelle, les préférences dans le choix d’un partenaire sexuel. Quand on leur propose de sélectionner la silhouette d’homme qui leur plaît le mieux, les femmes testées ne mettent qu’une fraction de seconde pour choisir les épaules les plus larges et les plus musculeuses, le bassin le plus étroit et les cuisses les plus musculeuses, une silhouette d’hyper-athlète qu’en réalité elles ne rencontrent jamais. Vu leur temps éclair de choix, il est exclu que le cortex soit invoqué pour ces préférences : les noyaux gris centraux leur suffisent, les mêmes qui suffisent à vingt-cinq habiletés que nous partageons avec les reptiles, depuis donc 312 millions d’années au moins (Carbonifère supérieur, Westphalien). Nul besoin d’invoquer le traditionnel « complot masculiniste et patriarcal », il s’agit bien là d’une stratégie d’espèce qui s’est inscrite dans notre patrimoine génétique au fil des millions d’années de l’hominisation. Les cartes postales drôlatiques en vente dans les ports de Toulon et de Marseille évoquent aussi largement ces préférences sexuelles inscrites dans notre patrimoine. Telle carte légende « Les marins, le regard perdu sur des horizons lointains » tandis que le dessin montre un mataf qui se retourne vivement vers les fesses frétillantes d’une affriolante passante.
De la vraie nature du talent musical :
Là ?
Perdu ! C'est là :
L’encéphalisation croissante de l’espèce humaine a un coût physiologique unique : jour et nuit, notre cerveau d’adulte consomme vingt watts, environ 27 % de notre métabolisme de base. Pour le nouveau-né, la proportion est bien plus dramatique : le cerveau consomme 66 % du métabolisme du nourrisson. Aussi le lait de femme a une composition de spécialiste : aucun autre lait ne contient autant de sucre, ni aussi peu de graisses, il est fait pour un petit cerveau surdéveloppé, et qui a une activité physiologique intense et des besoins énormes pour développer des millions de synapses à la minute. Aussi, au rebours de la Modeste proposition de Swift, l’élevage des petits humains est le plus décevant de tous sur le plan zootechnique : ils croissent très lentement, sont longtemps des impotents moteurs, puis des maladroits dont l’enfance est remplie de plaies et de bosses.
Cette énorme encéphalisation et cette très longue enfance ont imposé à nos ancêtres une division sexuelle des tâches et du travail bien plus poussée que chez les autres primates. Discussion d’anthropologues dans Les dossiers de l’écran autour de La guerre du feu :
« On n’est sûrs que d’une chose : c’étaient les femmes qui accouchaient.
- Justement : quand on a un bébé dans le ventre et un autre accroché dans les bras, pour chasser la panthère, hé bien c’est pas pratique ! » réplique une femme avec un grand sourire.
Nos bébés et nos enfants sont des proies bien trop tendres et rêvées pour les prédateurs qui nous entouraient. De plus, notre hyper-cerveau exige aussi des temps de sommeil uniques, avec une proportion unique de « sommeil paradoxal » ou de paralysie à mouvements d’yeux rapides. L’encéphalisation a donc exigé de plus en plus d’habileté et d’acharnement à construire des abris où les prédateurs ne puissent plus se glisser, même les léopards, pourtant friands de singes. De là découle la spécialisation des mâles humains en miroir de la spécialisation des femmes : vers la construction, la chasse et la guerre. Les Inuits se contentent d’un iglou quand ils sont en expédition de chasse, mais pour abriter la famille pas question se contenter d’un iglou, qu’un ours percerait en trois minutes ; des habitations assemblées en pierre et en os de baleines, du dur qui résiste aux ours. On a vu plus haut que les tests de préférences des femmes ont démontré qu’elles sont génétiquement programmées pour sélectionner les mâles qui soient les plus rudes chasseurs, guerriers pour la défense du territoire, et bâtisseurs.
Franquin a dessiné cela avec beaucoup de tendresse et d’humour dans Le nid du Marsupilami.
Parmi les vingt-cinq habiletés que nous partageons avec les sauriens, et dévolues aux noyaux gris centraux, figure l’habileté à jauger d’un coup d’œil si un autre individu est plus grand, plus petit, ou de taille égale. Application féminine : évaluer en une fraction de seconde si un mâle est suffisamment plus grand qu’elle, et suffisamment dominant pour être considéré. Mis en mots : « Moi en dessous d’un mètre quatre-vingt, je regarde pas ! ». Pour ce premier tri, il suffit parfois de regarder le pied : est-il assez grand pour être un pied de « vrai homme » ?
Nos jeunes enfants aussi considèrent la taille et la capacité de violence comme signaux fiables pour s’attacher à un contre-prédateurs crédible. Cela n’est pas propre aux seuls mammifères : les crocodiliens et les oiseaux aussi prennent soin de leurs petits, et les protègent contre les prédateurs. Ce sont là des convergences évolutives dans des stratégies d’espèces. Les travaux expérimentaux de John Bowlby ont prouvé que le facteur clé du comportement exploratoire ou craintif d’un jeune enfant, est la présence ou la carence du contre-prédateurs crédible, la mère dans la plupart des cas. C’est cette évaluation du contre-prédateurs qui détermine l’attachement. Pas de chance pour les freudiens, qui ont tout misé sur le sein maternel.
Seul l’artisanat de la taille des silex – puis bien d’autres artisanats - a introduit de la complexité dans la sélection sociale et sexuelle dans les sociétés qui furent nos ancêtres : la taille des silex exige non seulement de la force, mais énormément d’habileté, d’expérience et d’intelligence. Le langage s’est développé non seulement pour les commérages, mais aussi pour décrire et transmettre des habiletés artisanales complexes, sans parler des techniques de piégeage et de chasse, qui exigent de la concertation et de la coopération.
Bien d’autres spécialisations sexuées, physiologiques et sensorielles sont uniques à l’espèce humaine.
Outre la spécialisation squelettique par le bassin, la femelle humaine présente une étonnante spécialisation physiologique : elle résiste bien mieux que le mâle aux disettes et famines, son métabolisme peut se ralentir à l'extrême de l'économie, ce qui du reste peut en faire facilement une obèse si la nourriture ne manque pas. Cette caractéristique là n'a pu se développer que dans des populations où la division sexuelle du travail était prononcée. Nous n'avons que peu de renseignements sur l'éthologie des deux espèces qui nous ont précédées, Homo Habilis et Homo Erectus, mais nous pouvons du moins observer les moeurs des quelques peuples chasseurs-cueilleurs encore subsistants : les femelles prennent en charge les tâches proches du campement ou de l'habitat saisonnier ou permanent. Les mâles parcourent du terrain pour chasser la gazelle, ou chasser des prédateurs dangereux.
En échange, le sommeil féminin est en moyenne plus frileux. Les fabricants de sacs de couchage et de matelas auto-gonflants ont des versions plus isolantes spécialement pour les femmes.
La répartition de la vision est différente, l’ouïe est différente, l’olfaction est très différente, de surcroît dépendante de la date dans le cycle menstruel, les sens tactile et kinesthésique diffèrent. Tout cela accuse des millions d’années de répartition sexuée des tâches. Faisant de la cueillette autour du camp, nos ancêtres féminines n’ont pas eu besoin de développer autant de sens de l’orientation que nos ancêtres mâles, qui ont eu à s’aventurer beaucoup plus loin. Cette différence des dons est encore présente, bien que nos modes de vie aient énormément changé depuis.
Une autre spécialisation anatomique de la femelle humaine : c’est la seule qui conserve de la graisse autour des glandes mammaires, y compris lorsque ces glandes sont au repos ; glandes qui ne se développent vraiment que durant la grossesse, mais le signal social sexuel dure de l’adolescence jusqu’après la ménopause, voire dans la vieillesse. Ce paragraphe anticipe sur les spécialisations féminines qui sont orientées vers la compétition entre femelles.
Cette spécialisation sexuelle sociale a induit une maturation sexuellement différentiée du cervelet. Rappelons que le cervelet est un calculateur spécialisé qui ne fait qu’une seule chose : la coordination des mouvements. Déjà au Silurien nos ancêtres communs avec les squales actuels avaient un cervelet distinct et spécialisé. Le cortex moteur ne donne que l’ordre général d’un geste, il laisse au cervelet le soin d’organiser l’ordonnancement temporel dans tous les groupes musculaires intervenants. Par exemple si vous levez un bras vers l’avant, le cervelet a ordonnancé et donné des ordres aux muscles des jambes, pieds, cuisses et fessiers pour reculer le tronc et maintenir l’équilibre debout général, cela sans que le cortex ait à s’en occuper. Or dès dix-onze ans, avant d’avoir des seins, les fillettes arrondissent déjà les mouvements de leurs avant-bras, pour ne pas heurter leur future poitrine. A quatorze ans le contraste est total entre les écritures des filles et celles des garçons : le cervelet a un développement sexuel fortement différencié, et les adolescentes arrondissent tout dans leur écriture. Tandis qu’un travesti qui s’habille en femme n’a pas cet arrondi des gestes.
Les modes d’adultère aussi ont évolué avec l’hominisation. La principale innovation est que les femmes ont un œstrus caché, mais sont aptes à copuler en toutes saisons, avec une forte préférence pour les deux jours de l’ovulation. L’ovulation est de surcroît le moment d’un changement temporaire dans leurs choix masculins : elles préfèrent alors de beaucoup les mâles ayant une abondance évidente en testostérone, alors que le reste du temps elles préfèrent un animal plus domestiqué et docile. Elle est comme cela, l’animalité de la femme. « Romantisme » ? Vous disiez « romantisme » ?
Une innovation humaine majeure, commencée chez les primates proches, mais poussée à l’extrême dans notre espèce est la capacité énorme d’orgasmes féminins. On comprend la ruse de l’espèce, pour pousser les individus à se reproduire, rendre la reproduction agréable, voire très agréable. Mais avec l’encéphalisation colossale de l’espèce humaine donc la lenteur de croissance de chaque enfant, se posait la question de la durée du couple reproducteur, le rendre capable de se stabiliser jusqu'à ce que les petits soient de jeunes adultes et tirés d’affaire, une durée unique dans le règne animal. Bien qu’initialement réservé à la reproduction, le coït est devenu une affaire relationnelle centrale chez nous les humains.
Une hormone polypeptide, l’ocytocine est spécifique aux mammifères : elle lie la mise bas à la lactation, elle stimule les contractions, puis stimule la sécrétion du lait. Chez plusieurs primates, dont notamment les bonobos et les humains, elle ajoute à son rôle la majeure partie de la fonction orgasmique, notamment féminine, et est un facteur majeur de la liaison du couple. D’où le précepte : si vous voulez durer comme couple, alors baisez, baisez souvent, baisez longtemps, et continuez intelligemment malgré l’âge.
La conséquence de ces spécialisations complémentaires très poussées, et de la division sexuelle des tâches, elle va de soi, même si en notre époque moderne on a tout oublié : ce sont les interdépendances. Ce qu’il subsiste de sociétés paléolithiques primitives, dans la forêt amazonienne, dans la forêt de montagnes de Nouvelle Guinée, en Namibie ou dans la forêt où vivent les négrilles, ou chez les Inuits et les peuples du renne, démontre une interdépendance poussée, où la civilisation du groupe fait bien comprendre aux deux adultes du couple : « Ne jouez pas aux cons : vous êtes interdépendants ! », en plus de l’interdépendance tribale du groupe de subsistance dans des conditions dures et exigeantes.
Certes, en notre époque moderne où l’énergie est abondante et très bon marché, où vous disposez de la force d'au moins quatre cents esclaves, et où le capitalisme financier a dévoré tout le restant des capitalismes agricoles et industriels, quand il n'y a plus qu'à actionner un bouton, même la plus évaporée des séductrices à poitrine opulente peut démontrer à la tévé qu’elle dirige du bout du doigt les plus puissants engins de bâtiment et travaux publics, et donc qu’elle est la plus opulente des clientes de sa banque. Et que donc tu dois l’imiter, en te précipitant chez ladite banque.
2/5. Le Grand Livre des loyautés dues, entre générations et prochains.
A suivre.
3/5. Compétition et fourberies.
Ah ! Arsinoé ! Sans mentir, j'étais en peine de vous !
A suivre.
4/5. Choisir entre la jouissance et les querelles.
Selon le psychologue canadien Yvon Dallaire seuls 20 % des couples parviennent à dépasser le stade de la guerre à mort pour le pouvoir.
A suivre.
5/5. Exploitation de la guerre de suprématie. Les marionnettistes.
Rockefeller, la C.I.A., György Soros... Si si ! Des philanthropes !
Fin 5/5.